Château de Montcoquier

LE CHÂTEAU DE MONTCOQUIER – (XIIe-XVe siècles)

 

Historique et restauration

Le site et son occupation avant le château

Montcoquier (*mons calcarius « mont calcaire » ?) se situe sur une butte calcaire au bord du ruisseau des Salles, à l’ouest de la commune de Monétay-sur-Allier.

Les traditions de « camp romain » ou « villa gallo-romaine » attachées au site doivent sans doute beaucoup à l’imagination des érudits locaux. Toutefois, des tuiles de type romain ont été recueillies aux alentours et jusque dans la maçonnerie du château, et l’un des sentiers d’accès est appelé « Chemin de fer », un toponyme souvent associé à des voies antiques.
La découverte de céramiques identifiées comme mérovingiennes au bord du ruisseau suggère l’existence d’un habitat de cette époque, qui serait exceptionnel dans le département.

L’implantation à Montcoquier de l’un des premiers châteaux de pierre de la région se comprendrait mieux s’il succédait vraiment à des implantations antérieures et, peut-être, contrôlait une voie de passage aujourd’hui disparue.

Histoire du château

La date de la construction des parties les plus anciennes (romanes) de Montcoquier est inconnue. Sur la base de similitudes architecturales et stylistiques, on peut la situer à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle (enceinte quadrangulaire, angles arrondis du donjon).

Les propriétaires sont connus à partir de 1300. Le plus célèbre est Jean II du Colombier, « maître d’hôtel » du duc Jean de Berry, probablement mort à Azincourt en 1415. Ce personnage effectua au début du XVe siècle d’importants travaux d’aménagements à Montcoquier.

Au XVIIIe siècle, le château fut abandonné et commença à se dégrader. Il aurait servi de repaire, durant la révolution, à l’insurgé-brigand Gilbert de Barthelat. La toiture du logis tomba entre 1905 et 1910. Seuls les bâtiments d’habitation et d’exploitation installés dans l’enceinte extérieure continuèrent d’être occupés jusque dans les années 1950.

Architecture

Le château se compose de trois parties :

-Le donjon roman, miraculeusement préservé pour l’essentiel dans son état d’origine (c’est le plus vieux bâtiment de ce type conservé dans le Bourbonnais). Il mesure 8 x 8 m, avec des murs épais de 1,90 m. Il contient deux salles voûtées superposées, desservies par un étroit escalier de pierre logé dans la muraille. La salle supérieure possède une cheminée, des latrines, et une alcôve. Le donjon est couvert par une terrasse inclinée vers le sud.

-L’enceinte romane. Elle comporte une tour de guet à l’angle nord-ouest. L’espace intérieur est recoupé par un grand mur de refend nord-sud. La partie orientale forme une terrasse. Dans la partie occidentale a été aménagé, au début du XVe siècle, un logis à deux étages, avec de grandes cheminées et des fenêtres à meneaux et banquettes. La cheminée monumentale du rez-de-chaussée porte la « signature » de Jean II du Colombier : l’ours et le cygne tenant des bannières, apposés là en signe de fidélité au duc Jean de Berry dont c’étaient les « devises » héraldiques (on les retrouve sur son célèbre Livre d’heures).
Le logis couvre un grand cellier voûté.

-Les bâtiments d’habitation et d’exploitation, probablement adossés à une ancienne enceinte extérieure et délimitant une cour pavée. Ces bâtiments sont aujourd’hui presque complètement démolis, comme le pigeonnier situé au nord du château.

L’ensemble était protégé par des fossés, un étang, et le ruisseau. D’anciens aménagements hydrauliques (source captée ?) restent à étudier. On note, sur l’actuelle route départementale 217, les restes d’une maison en ruine appelée sur d’anciennes cartes « La Garde » et qui commande le début du « Chemin de fer » vers le château.

Le plan de sauvetage

En 1996, au moment du rachat par les actuels propriétaires, l’ensemble du monument était en très mauvais état. Pillé pendant deux siècles, il était envahi par la végétation. La terrasse sommitale et les voûtes du donjon étaient fissurées et rongées par l’humidité. Une couche de débris épaisse de 40 cm à 2 m, provenant de la chute de la toiture, couvrait l’ancien logis, éventré par l’effondrement du mur de refend. Les bâtiments périphériques étaient en cours d’écroulement.

Le projet adopté à ce moment prévoyait :

-le sauvetage des parties les plus menacées, en donnant la priorité au donjon et aux autres éléments médiévaux.

-la reconstruction à l’identique des parties effondrées documentées par l’iconographie, les témoins architecturaux, ou la comparaison.

-Le dégagement et l’aménagement de l’ensemble du site.

Les travaux effectués

Depuis 1996, l’aspect du monument a été complètement transformé, les parties les plus fragiles consolidées, et la reconstruction des éléments restituables très avancée. Les premières phases des travaux ont été récompensées par le prix des Vieilles maisons françaises (délégation de l’Allier) en 2002.

Les maçonneries supérieures du donjon ont été remontées, et la voûte de la salle haute consolidée. La mise hors d’eau a été assurée par la reconstitution, sur la base des témoins archéologiques, de la couverture de tuiles canal et du système d’évacuation des eaux pluviales, et l’étanchéification des crêtes de murs.
La fenêtre de la salle haute a retrouvé un linteau, un chapiteau et une colonnette qui restituent l’aspect d’une baie géminée. La fenêtre percée dans le mur est de la salle basse a été réduite aux proportions qu’elle devait avoir à l’époque romane.

Le logis a été complètement déblayé, le mur de refend qui le ferme à l’est consolidé et sa partie effondrée reconstituée, ainsi que la porte et la petite cheminée dont subsistaient les traces. Il a été couvert par une toiture légère à pente unique, presque invisible de l’extérieur, mettant hors d’eau la grande salle et le cellier en dessous. Il était en effet impossible, et d’ailleurs peu souhaitable pour des raisons esthétiques, de reconstituer l’immense toiture à croupe du XVe siècle écroulée en 1905-1910. Un accès d’origine à l’intérieur (par le cellier) a été rouvert.

Le mur d’enceinte oriental a été complété par une structure en parpaings (pour assurer la clôture rendue nécessaire par les vols et le vandalisme incessants), habillée de parements en pierre restituant son aspect d’origine.

Le châtelet d’entrée et la tourelle d’escalier ont été consolidés. Leurs toitures ont été reconstituées, d’après les documents anciens et selon un projet conçu par Ludovic Beltri, avec des couvertures en tuile.

La cour et les abords ont été déblayés, et la motte sur laquelle s’élève le château débroussaillée. Pour éviter que les toitures ruinées des bâtiments périphériques n’entraînent les maçonneries dans leur chute, elles ont été démontées.

A l’issue des travaux de 2010-2011, le monument a pratiquement acquis son aspect extérieur définitif. Cet aspect est nécessairement un compromis entre l’état médiéval (qui n’est pas documenté par l’iconographie), celui des XVIe-XVIIIe siècles, et les contraintes techniques et financières. Il privilégie le donjon et la vision de ce qu’a pu être la forteresse médiévale.

Travaux en cours et projets d’avenir

Les travaux devraient continuer, au cours des prochaines années, par l’aménagement de la grande salle du logis et la consolidation des murs extérieurs des bâtiments périphériques, qui seront conservés pour former l’enceinte de la basse-cour.

L’usage du château à terme n’est pas déterminé. L’éventualité d’une ouverture occasionnelle au public, avec organisation d’activités culturelles, ne pourra être envisagée qu’une fois le site totalement sécurisé et l’accès amélioré.

* Les propriétaires rappellent à cette occasion que Montcoquier est un bien privé dont l’accès est strictement interdit, et que ses abords sont dangereux.